ÉCOLE FRANÇAISE VERS 1600, ATELIER DE FRANÇOIS II BUNEL (VERS 1552-VERS 1595/99) LE DEFILE DE LA LIGNE AU SORTIR DE NOTRE-DAME Panneau de chêne, trois planches, parqueté Restaurations anciennes French school c. 1600, studio of F. II Bunel, The Parade of the League at the exit of Notre Dame, oak panel three planks, craddled, old restorations 71 x 119 cm - 28 x 467/8 in. Notes On connait plusieurs versions avec variantes de cette scène historique, l’une d’elles est conservée au musée des Beaux-Arts de Rouen (voir Jean-Pierre Willesme, Essai d’Iconographie de la Procession de la Ligue, in Étude de la Revue du Louvre , n°1, La Donation Suzanne et Henri Baderou au musée de Rouen, Paris, 1980, pp. 15-17), deux sont au musée Carnavalet à Paris, d’autres au château de Versailles, au château de Pau, au musée de Valenciennes, de Dublin ... Parmi celles répertoriées, notre tableau est l’un des deux plus grands. La plupart sont sur toile, mais deux sont mentionnées sur bois. L’attribution à Bunel vient de la version signée de Bâle et cette iconographie a été diffusée par la gravure de Petrus Kaerius. Henri III, allié au roi Henri de Navarre, est assassiné le 1er août 1589 à Saint-Cloud lors du siège qui attaque Paris tenue par la Ligue catholique. Ce parti factieux, qui gouverne la ville, a organisé des processions spectaculaires de milliers de religieux, de militaires et d’enfants armés d’arquebuses au début des années 1590 pour s’opposer à l’avènement du protestant Henri IV. Sa conversion en 1613 met fin aux troubles. Quand Henri III meurt le 1er août 1589, il ne laisse pas d’héritier direct sur le trône de France. Avec lui, la branche des Valois s’éteint. La France, déjà meurtrie par vingt ans de conflits religieux, se déchire. Ayant épousé Marguerite de Valois en 1572, Henri IV, élevé dans la foi protestante, doit devenir le premier roi de la branche des Bourbon mais il se heurte à l’hostilité farouche de la Ligue catholique. Soutenus par les Espagnols, les ligueurs n’hésitent pas à prendre les armes et occupent Paris qu’Henri IV assiège d’avril à août 1590. Jamais la France n’avait connu une propagande aussi virulente et organisée, “par la bouche des prédicateurs, par la plume des écrivains, par le pinceau des peintres, l’ascendant des confréries, le spectacle des processions et autres assemblées pieuses”. Le 14 mai 1590 la Ligue organise une procession à laquelle participent des moines armés qui tuent malencontreusement un des leurs et blessent un membre de l’ambassade d’Espagne. Ces faits rapportés par le chroniqueur Pierre de l’Estoile resteront dans les esprits et alimenteront la critique. Le cortège nocturne venant de Notre-Dame emprunte ici la rue du Marché-Palu. Eclairé par des lampions et des lanternes, il rejoint le quartier de la Sorbonne. En tête, l’ancien évêque de Senlis, recteur de l’Université de Paris, Guillaume Rose. Ce prédicateur actif dans les églises parisiennes, vêtu de noir, tient d’une main une pertuisane et de l’autre un crucifix. Il s’apprête à passer devant les duchesses de Mayenne et de Montpensier. La première est l’épouse de Charles de Mayenne qui guerroie contre Henri IV, la seconde est la fille du duc de Guise poignardé en décembre 1588 par la garde personnelle du roi Henri III pour avoir fédéré la Ligue. S’avance ensuite, en armure, le curé Pelletier, curé de Saint-Jacques de la Boucherie, élu en 1587 au Conseil des Seize, municipalité mise en place à Paris par les ligueurs. On distingue sur quelques vêtements des croix de Lorraine, emblème des Guise adopté par les ligueurs qui se regroupent sous une bannière ornée d’un saint Michel et d’une ancre. Saint Michel terrasse le dragon comme la Ligue, ancrée à la Foi catholique terrasse l’hérésie. Les feuillants en coule blanche, établis à Paris en 1587, sont réputés pour la véhémence de leurs discours.